L'interrogation du phénomène esthétique est contemporaine de l'autonomisation de l'art au cours des Temps modernes et de la relativisation de sa fonction lorsqu'il n'est plus que le moyen d'exprimer la vie émotionnelle subjective. En revanche, lorsque la singularité même de l'œuvre d'art se voit mise en question au XXe siècle, ce sont les frontières séparant l'art du non-art qui deviennent évanescentes. C'est sur le fond de cet évènement que s'est déployée la réflexion de Roland Quilliot, que les contributions de (...) ce recueil se proposent de poursuivre. Celles-ci reviennent sur la notion d'image puis sur la manière dont elle se déploie du côté de la littérature comme des arts plastiques y compris du cinéma. Le second temps du recueil s'inscrit, lui, dans le cadre d'une réflexion relative à la crise de l'art moderne, en suggérant aussi que le phénomène esthétique demande à être considéré dans un cadre moral et anthropologique bien plus englobant. (shrink)

On aura lu dans le présent numéro de Dialogue une longue étude critique, où Claude Panaccio analyse la traduction, par Roland Galibois, du Commentaire d'Occam sur le Livre des Prédicables de Porphyre, ainsi que mon introduction à ce texte.On nous permettra sans doute d'y répondre, et on trouvera ci-après l'excellente justification que R. Galibois donne de sa traduction.

Introduction Dans ce qui suit, j?aimerais avancer quelques remarques au sujet de la modi­fication que subit le temps en passant du réel à l?imaginaire 1 . Je voudrais situer ces analyses dans le cadre d?observations que certains psychologues et philosophes « empiristes » (comme les associationistes du xix e siècle) avaient faites au sujet du rêve dans son rapport à la sensation, voire l?im­pression supposée en être la cause plus ou moins occasionnelle. Dans ces observations revient continuellement l?idée d?une tension (...) un peu énigma­tique entre, d?une part, le caractère éphémère de l?impression (« un instant ») et l?étendue temporelle du contenu rêvé, d?autre part. Ainsi, pour prendre un exemple classique, Alfred Maury raconte comment un jour, il s?éveille « en proie à la plus vive angoisse », au moment où il sent le couteau de la guillotine lui trancher le cou. Cette image, dit-il, était comme l?aboutissement d?un rêve extravagant (quoique très érudit) qu?il venait d?avoir sur la Terreur et sur le Tribunal révolutionnaire assisté par Robespierre... Or, tous ces évé­nements et leur enchaînement interne semblaient causés par un fait vrai et bien réel : la flèche de son lit qui s?était détachée était tombée sur ses ver­tèbres cervicales 2 . Comment une sensation vraie et si brève (juste un instant, le temps d?une impression) peut-elle contenir toute cette durée fictive ? Ce que. (shrink)

La parabole du vieux et du neuf selon Luc est pratiquement toujours considérée comme faisant partie de la controverse sur le jeûne ; ce qui limite fort son interprétation. En réalité c'estune péricope à part entière et son contexte est formé par l'ensemble des controverses avec les pharisiens : à propos du paralysé pardonné et guéri, puis chez Lévi à propos de la conduite de Jésus envers les pécheurs et le jeûne; puis, après la parabole, à propos des épis froissés, (...) puis de la guérison de l'homme à la main paralysée, toutes deux le sabbat. Centrale, la parabole est la clé de lecture de toute la séquence: la nouveauté est celle de la «nouvelle alliance» annoncée en particulier par Jérémie. Celle-ci repose sur le pardon des péchés, mis en acte dès le début. Sa figure est celle des épousailles; or Jésus se présente comme l'Époux. Ce qui est en question n'est autre que la Loi, représentée dès le début par ses Docteurs, cristallisée en finale dans le sabbat. (shrink)

A collection of texts by representative French materialist philosophers, including the Baron d'Holbach, Denis Diderot, Sylvain Maréchal, the Marquis de Sade, Jean-Baptiste Robinet, Pierre Jean Georges Cabanis, Claude Adrien Helvétius, and various others.

DE mon exil, source vive en effet de philosphie, je prends connaissance de la livraison de mars de Dialogue. D'où cette note qui ne se veut pas plus qu'une reaction ad hominem et ad litteram contre toute tentative de delier mesure et philosophic dans l'expression « mesure de la philosophic », ou pour toute position voulant renier ou renverser démesure et philosophic dans l'article « La Démesure de la philosophic ».

Dans un essai d’ego-histoire, l’auteur s’interroge sur la manière dont peuvent interagir l’intelligibilité narrative et l’intelligibilité explicative. Car loin d’être acces­soire, l’acte d’écrire ne se borne pas à donner un habillage linguistique venant accoutrer une intelligence du passé déjà constituée avant de s’encrer dans une forme littéraire. L’écrit participe activement à la valeur cognitive d’un travail. Si dans son déploiement, la narration doit assumer un style et une singularité, elle reste surtout un instrument de pensée.

Analyse: Contient un chapitre sur Francis Giauque et une évocation de Henri-Frédéric Amiel.

La publication des Cahiers de formation, journal tenu par Michel Serres de 1960 à 1974, permet de saisir la genèse de sa pensée, mais aussi de rapporter celle-ci au récit qu’il donne de sa propre biographie. L’hypothèse ici proposée est qu’à partir de sa vocation pour les mathématiques, vécue comme un « retrait du monde », il travaille ensuite à élaborer une pensée qui restitue toute sa place au monde des objets : en même temps que le sujet s’abolit, il (...) apparaît que la communication se joue à même les choses. Pour fonder cette lecture, on donne à lire des extraits assez abondants des Cahiers de formation. (shrink)

Qu’en est-il du doute qui porte sur l’existence même de Dieu, l’objet de la foi? Doit-on l’assumer sans jamais prétendre l’éliminer? On le doit, dit Tillich, dans un écrit de 1919 intitulé «Justification et doute», où, de façon paradoxale, il confronte un tel doute à l’idée paulino-luthérienne de la justification. Étant nous-mêmes porteurs, en tant que personnes, d’un sens imprégné de mystère, nous sommes à la fois conscients de la distance infinie qui nous sépare de l’absolu et de la singulière (...) parenté qui nous en approche. (shrink)

Quelle figure d'homme se dessine en ce 21e siècle naissant? Tel est l'enjeu de ce colloque qui a réuni divers acteurs ayant pour dénominateur commun la recherche autour du sens de l'humain. L'humanisme traditionnel a échoué. Du moins les anciens paradigmes pour parler de l'humain ne répondent plus aux attentes de l'homme sous l'emprise de l'intégrisme religieux, des mutations technologiques, de la perte des repères et surtout de l'ignorance de soi. Philosophes, théologiens, éducateurs et enseignants se posent la question de (...) savoir comment redonner à l'humain sa dignité inaliénable. Ce colloque a réuni un certain nombre d'acteurs tous enseignants chercheurs qui ont apporté leurs contributions au renouvellement des paradigmes sociaux en vue du sens de la "Commune humanité ". (shrink)

Cet article prend pour point de départ les généalogies de l’enfance de Michel Foucault disséminées dans son œuvre et complexifiées par les études foucaldiennes contemporaines, en particulier les recherches féministes de Silvia Federici (et ses généalogies des femmes) et les études postcoloniales d’Ann Laura Stoler (et ses généalogies des colonisés). Foucault passant sous silences l’histoire des femmes et des colonies, ce détour par des généalogies féministes et postcoloniales nous permettra de nous inscrire dans les débats sur l’intersectionnalité. En effet, depuis (...) les années 1990, cette perspective méthodologique a été pensée de multiples manières (comme articulation, matrice, assemblage etc.), il s’agira donc de voir comment penser l’intersectionnalité en référence aux cadres d’analyse foucaldiens et à leurs critiques. Plus précisément, en réunissant ces auteurs et leurs généalogies, cet article tentera de se situer dans les débats contemporains sur l’intersection du Childism et du mouvement décolonial. Alors que certains auteurs considèrent que la production de l’enfance/de l’âge précède la production de la colonialité/de la race, d’autres voient le contraire. Pour entrer dans ces débats, nous reprendrons à Bacchetta (2015) l’idée de co-formations et de co-productions des rapports coloniaux et âgistes dans l’histoire longue des métropoles et des colonies. Ce faisant, nous tenterons de décrire et d’analyser les relations d’assujettissement (de genre, de classe, de race ou d’âge) d’une part, comme un effet de multiplicité selon des conjonctures spécifiques, et d’autre part, comme la cristallisation de relations de pouvoir qui s’étendent sur de larges espace-temps. (shrink)

"I define the Neutral as that which outplays the paradigm, or rather I call Neutral everything that baffles paradigm." With these words, Roland Barthes describes a concept that profoundly shaped his work and was the subject of a landmark series of lectures delivered in 1978 at the Collège de France, just two years before his death. Not published in France until 2002, and appearing in English for the first time, these creative and engaging lectures deepen our understanding of (...) class='Hi'>Roland Barthes's intellectual itinerary and reveal his distinctive style as thinker and teacher. The Neutral (_le neutre_), as Barthes describes it, escapes or undoes the paradigmatic binary oppositions that structure and produce meaning in Western thought and discourse. These binaries are found in all aspects of human society ranging from language to sexuality to politics. For Barthes, the attempt to deconstruct or escape from these binaries has profound ethical, philosophical, and linguistic implications. _The Neutral_ is comprised of the prewritten texts from which Barthes lectured and centers around 23 "figures," also referred to as "traits" or "twinklings," that are possible embodiments of the Neutral (sleep, silence, tact, etc.) or of the anti-Neutral (anger, arrogance, conflict, etc.). His lectures draw on a diverse set of authors and intellectual traditions, including Lao-tzu, Tolstoy, German mysticism, classical philosophy, Rousseau, Baudelaire, Walter Benjamin, and John Cage. Barthes's idiosyncratic approach to his subjects gives the lectures a playful, personal, and even joyous quality that enhances his rich insights. In addition to his reflections on a variety of literary and scholarly works, Barthes's personal convictions and the events of his life shaped the course and content of the lectures. Most prominently, as Barthes admits, the recent death of his mother and the idea of mourning shape several of his lectures. (shrink)